Stratégie pour une Chevalerie moderne et traditionnelle

Notre but se décline ainsi :

-        la lutte contre l’usage des drogues chez les jeunes menant à la déchéance des individus

-        la promotion de la connaissance des hommes et de la spiritualité

-        la constitution et le développement d’un nouveau centre de transmission spirituelle (nouvelle « religion » au sens étymologique)

-        la défense de la religion chrétienne

Aux victimes du 13 Novembre 2015

Que Dieu ait toujours en sa Sainte Garde les victimes innocentes de violences aveugles et console ceux dans l’affliction qui les regrettent !

Semen est sanguis martyrum », Apo. 50, 13 Tertulien IIème siècle

Association spirituelle

En tant qu'association spirituelle, notre confrérie n'a pas légalement le droit d'organiser des actions caritatives ou culturelles.

Nos Dames, Chevaliers et Donats sont donc actifs dans des associations dont l'objet est encouragé, en matière de connaissances et de soins hospitaliers. Ces associations émanent de nous ou encore sont dirigées par nos membres.

Si, historiquement, les premiers chevaliers sont une classe de patriciens romains, il est possible d’apprécier, traditionnellement, que les premiers guerriers méritant le titre de Chevalier sont des hommes qui, la truelle à la main et le glaive au côté, se sont liés pour défendre ce que Dieu leur avait confié : la vie de leur famille, leur maison, leurs édifices, leurs champs, la culture de leur société. Au-delà de leur fonction policière et militaire, les gardiens ou militaires ont vu leur fonction souvent chargée, en plus de leur responsabilité de protection, d’un rôle fédérateur, constructeur et formateur de ce qui relie entre eux les membres de leur peuple. La porte de la Chevalerie s’entrouvre lorsqu’en touchant la fonction de sacrificateur, ils joignent le spirituel au temporel. Ils sont missionnaires de la « Religion » du peuple; ils sont des chevaliers.
Cette dignité, qui semblerait plutôt masculine, est aussi reconnue aux femmes de mérite. Dames ou Chevalières sont présentes rarement mais indiscutablement dans la tradition et les écrits anciens, même si on ne les trouve guère au combat.
Les vertus de la chevalerie des premiers temps sont :

-        la fidélité qui fonde la confiance en ceux avec lesquels on se bat et risque sa vie

-        la générosité qui encourage la charité et balaye l’enrichissement comme but des combats

-        le courage qui assure la constance dans l’épreuve et fonde l’espoir des malheureux

La Chevalerie de tradition plonge ses racines dans un passé millénaire immémorial et nous projette vers un avenir qui nous transcende.
Elle permet de transformer le spectateur passif en acteur de sa propre destinée.
Elle justifie nos actes, par notre fidélité aux causes défendues.
Elle propose de discerner notre religion de la superstition, en rendant à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
Elle construit un pont entre les mondes.
Elle permet à des hommes (homme et femmes) de bonne volonté de se réunir pour mettre en commun, développer et promouvoir leurs idéaux de paix, de religion et de culture.

L’individualisme forcené du monde nouveau

Une cause certaine, ou une conséquence cyclique: L’opium du peuple.

Des drogues :

Les travaux sur le terrain du Comité National d’Information sur la Drogue ont été incidemment révélateurs de dysfonctionnements culturels profonds dans notre société. Le vécu des addictions, de l’usage des drogues, mais aussi la façon de considérer le bonheur, le plaisir, la joie, et encore la relation avec autrui et la société en général, tous ces éléments ont été profondément modifiés depuis une quarantaine d’années.

Or, on ne peut s’attaquer sérieusement au problème de la drogue sans proposer mieux que les marchands de rêves, ou de mort, à leur clientèle.

L’étude des « addictions », selon le nouveau terme aujourd’hui consacré, montre que les dépendances sont des mécanismes chimiques de notre cerveau qui perturbent son fonctionnement normal, durablement, ceci d’autant plus qu’ils ont lieu tôt (adolescence) et surtout si le produit est « doux », par une imprégnation lente et régulière.

On sait également aujourd’hui que la région du système limbique où agissent ces substances est une région qui régit de façon schématique et imagée:

- le centre du plaisir,

- le centre de l’apprentissage,

- le centre de la « concentration »,

Ce centre est activé chez les moines en méditation, ou chez certains fous meurtriers qui entendent des « voix » leur commandant de tuer. La pathologie de cette région présente certaines relations avec la schizophrénie.

Quand on sait par ailleurs que 80% des élèves de 3ème ont touché à une drogue et que 8% des moins de 17ans ont une consommation régulière donc toxique de produits, et qu’il est interdit de doser les toxiques chez les mineurs ;

Quand on sait que la drogue de prédilection des adolescents est le cannabis, dont on revendique en France 1 million de consommateurs, sans compter l’alcool, l’ecstasy, et c…;

Quand on sait que le « câblage » du cerveau d’un adulte se fait en partie tout au long de son enfance, mais aussi lors de son adolescence avec la construction de son identité;

Il est alors évident qu’en face d’un lobby qui prône la libre expérience en matière de toxicomanie on ne peut s’étonner de trouver des jeunes, comme des moins jeunes, dont les voies cérébrales ont été perverties à des degrés divers, parfois définitivement. Ces jeunes souffrent, car:

- incapables de faire face à leur nouvelle personnalité adolescente,

- confondant bonheur et plaisir, ainsi que besoin et envie,

- peinant face aux difficultés scolaires,

- démotivés, ne s’intéressant pas à ce qui les entoure, ou à qui les entoure,

- ayant un sens moral abaissé,



De l’individualisme

Or, nous savons que notre civilisation est basée sur des valeurs qui n’ont plus cours : la fidélité, le plaisir du travail bien fait, la quiétude des cercles familiaux où l’on a la satisfaction de la fréquentation de ses semblables, la prière en groupe, se sentir concerné par la collectivité, avoir des projets, des ambitions, une espérance.

Faire le lien entre les deux n’est pas difficile, mais, s’il est dangereux de le dire trop fort, les faits sont plus têtus que les idéologies.

On déduit forcément de ces éléments que la toxicomanie des jeunes est liée à la perte de nos valeurs fondamentales, et que le problème religieux pris dans son sens social, et non du culte individuel, n’est pas loin.

La religion depuis 1905 est considérée comme une superstition individuelle, au lieu d’être un lien entre les hommes. Un même lien devant la vie, la naissance, la mort, la maladie, l’inconnu, le désespoir. Les Musulmans, pour parler d’eux, mais les Juifs aussi, n’hésitent pas à proposer un schéma de vie en face de cela. Or, les Chrétiens peinent à communiquer surtout en France. La République laïque est devenue une république athée. On sait que toute éthique qui n’est pas soutenue par une métaphysique est vouée à l’échec. La morale comme l’éthique républicaine sont issues du christianisme, mais à l’oublier, la République marchande aujourd’hui avec des valeurs qui nous sont étrangères et se retourne contre elle ; ce sont celles de la loi de la jungle.

Face à un monde moderne en déliquescence, nous sommes persuadés que les valeurs fondamentales du christianisme, de nos racines indo-européennes, de la nature humaine même, n’étant plus comprises, par suite de la dérive des mots, de la pensée, mais aussi des idéologies, ces valeurs doivent être retrouvées telles, et redéfinies clairement pour pouvoir tirer les hommes du XXIème siècle vers le haut, les aider à résoudre leurs dilemmes, leur redonner un sens pour la charité, la foi, et l’espérance.

Il faut reformer des élites, reconnues par tous, ouvertes sur le monde et dialoguant avec leurs homologues.

La Tradition

Une tradition c’est quelque chose qui constitue un ensemble cohérent qui est rapporté, transmis, sans que l’on en connaisse obligatoirement l’origine, souvent mythique, ni parfois le but exact. Mais, cet ensemble était suffisamment important aux yeux de nos prédécesseurs pour qu’ils en aient assuré la pérennité.

Transmettre une Tradition, c’est d’abord recevoir un ensemble tel qu’il a été déjà transmis, avec ensuite consigne de le transmettre de nouveau tel que nous l’avons nous-mêmes reçu.

Ainsi, lorsqu’un élément est retransmis suivant les usages, successivement, au moins pour la troisième fois, on peut alors dire qu’il devient lui-même traditionnel.

Les ordres de chevalerie comme l’ordre de St Louis et la Légion d’honneur deviennent héréditaires à la troisième génération. En effet, à ce stade, on peut penser que la famille concernée transmet effectivement certaines qualités devenues héréditaires. Trois générations humaines, c’est environ 100 ans.

Les temps immémoriaux de la tradition anglaise c’est 100 ans et plus.

Dans le droit Canon du Vatican on peut lire: « Seule la coutume centenaire a force de Loi. La coutume est la meilleure interprète des lois. La possession centenaire ou immémoriale d’un privilège enlève la présomption que le privilège a été accordé…/…

Une personne juridique est par nature perpétuelle, cependant elle peut s’éteindre si elle a cessé d’exister depuis 100 ans. »

Ceci démontre qu’en termes de Tradition, une structure, personne juridique, morale dirions-nous, continue d’exister pendant cent ans après le dernier souffle du dernier de ses membres.

Sa vie dépasse son existence.

La raison d’être de la Tradition peut relever de plusieurs objectifs :

•Folkloriqueऀtransmission du vécu culturel des générations passées
•Pédagogiqueऀtransmission des expériences éducatives familiales ou culturelles
•Initiatiqueऀtransmission des expériences du métier, ou d’un savoir particulier

Dans tous les cas, l’acquis de la tradition transforme celui qui la reçoit devenant ainsi dépositaire de quelque chose qui le dépasse.

La Tradition requiert des qualités humaines particulières d’engagement, de persévérance, de dévouement, qui peuvent répondre aux vertus théologales ; c’est à dire l’engagement Foi (fidélité), la bonne volonté Espérance (But), le dévouement Charité (Humanisme).

La Tradition ouvre ainsi la porte à la réalisation spirituelle recouvrant une partie du champ des religions, surtout dans des religions à mystères.

Les Religions ont presque toujours géré le champ traditionnel qui leur appartient, sauf si la Tradition est celle d’une autre confession peu compatible.

Sauf encore si telle confession a oublié ses propres champs traditionnels; le plus souvent par des interventions politiques internes ou externes.

En ce qui concerne la Franc-Maçonnerie, il est clair que la tradition ne se rapporte plus au métier depuis longtemps.

Dans le meilleur des cas, la Franc-Maçonnerie était liée aux confréries de bâtisseurs, non aux corporations. Ces confréries qui géraient la vie spirituelle et religieuse des corporations, mais dont le métier était le filet protecteur, la sauvegarde, le rempart contre les apprentis sorciers. Or, l’Eglise de France a oublié son enfant depuis longtemps et ne le reconnait plus. Cependant, les modifications ont été telles qu’il serait difficile de lui en vouloir.

De plus, dès le siècle des lumières, la Franc-Maçonnerie française a toujours été une réunion de pionniers, de génies, de découvreurs, de libre-penseurs.

A-t-elle jamais eu une tradition spirituelle après la Révolution et l’Empire ?

La Tradition n’est pas une auberge espagnole. Elle est un véhicule, et comme telle elle ne peut véhiculer que ce qui a été prévu au départ. L’initiation aux mystères de Cérès, ne véhicule pas la même chose que l’initiation au métier de maçon, l’initiation à la Chevalerie ou à la Religion. Les analogies existent car le réceptacle est toujours l’homme et les mécanismes humains sont toujours les mêmes.

Pour que vive la Tradition, il faut obligatoirement qu’elle se rattache au départ à un centre authentique distinct, puis ensuite qu’elle constitue elle-même un centre traditionnel authentique, spirituel et initiatique. Les hommes sont faillibles, mais l’Institution doit être infaillible. Or, ceci n’est possible que si l’Institution constitue un lien entre des hommes de bonne volonté, reliant des idéaux qui dépassent leurs carcasses, projetant leur vie au-delà de leur mort.

Il faut plusieurs générations pour que cela devienne pérenne.

« Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Eglise. »

Dans la Tradition, la croyance en un Dieu révélé n’est pas que du folklore, alors même que nos prières et le temple sont dirigés vers Dieu.

Dans la Tradition, les cérémonies véhiculent un enseignement que des règlements particuliers ne sauraient contrarier.

Dans la Tradition, la diversité est une source de richesse lorsqu’elle n’est pas source de dispersion.

Dans la Tradition, la Fraternité cela ne se décrète pas, cela s’acquiert.

Dans la Tradition, lorsqu’on y est, personne ne peut vous exclure et personne ne peut démissionner. Chacun sa place.

Dans la Tradition, les anciens orientent et enseignent, mais les jeunes dirigent et agissent. Donc, si les vieux sont absents, c’est qu’on les a oubliés sur le chemin quelque part avec la Tradition.

Dans la Tradition, l’obédience n’est pas un reflet de la société, mais un port d’attache, un havre de paix, pour les initiés.

Dans la Tradition, on discerne les capitations et les cotisations, on discerne encore pourquoi trois dirigent, cinq composent et sept rendent juste et parfait.

Dans la Tradition, les apprentis sorciers qui jouent avec la contre-initiation jouent avec leur vie et celle de leurs proches.

La Tradition sait sélectionner des candidats, les former, les éduquer, rassembler ce qui est épars. Elle sait se positionner face aux autres systèmes.

Peu importe qu’on l’appelle en grecque, en latin, en français médiéval ou moderne, que ce soit église, religion, ordre, association, congrégation, confrérie, etc… la spiritualité du groupe traditionnel dépasse celle de la somme de tous les participants.

Ce groupe traditionnel commence à trois individus. « Nous trois ici réunis, affectueux et unis, .. » et se termine avec la multitude. « Nous tous ici réunis, affectueux et unis, .. »

Les hommes, comme véhicules, transmettent en quelques années, les structures de groupes transmettent elles en quelques décennies, mais pour les structures de structures il faut compter en lustres !

L’initiation traditionnelle est l’un des rares moyens de transmettre l’expérience de prédécesseurs à un nouveau membre car elle transmet un vécu et non des connaissances. Ce néophyte naît alors pour la seconde fois.

Une fois maîtrisée la méthode appropriée, on peut éventuellement changer le véhicule et son contenu, tout en respectant la forme, et donc le mécanisme de fonctionnement d’une nouvelle tradition. Mais là attention aux apprentis sorciers ! En effet, si la Tradition est intemporelle, une tradition avec le temps finit par s’altérer, car l’homme, fut-il initié, reste faillible. Le monde change. A un moment, la distorsion est telle que l’adaptation survient. La tradition se corrompt, mais elle peut encore transmettre pendant des décennies ou des siècles. Ceci jusqu’à ce qu’une nouvelle tradition survienne, fasse ses preuves, et transmette à nouveau autre chose sûrement, mais de ces choses qui existaient déjà dans le cœur d’Adam.

Si nous voulons laisser aux générations à venir un témoignage de l’homme, de son alliance avec Dieu, de sa participation à la création continuée, de notre immortalité, de ce qui fait notre joie et notre enthousiasme face à un monde individualiste qui se meurt chaque jour alors que nous ressuscitons tous les matins dans l’allégresse de ceux qui savent ce que sont l’amour, la lumière et l’infini !

… alors il faut agir, en sachant que cette religion de l’action, qui est celle des initiés et qui nous relie, est l’autre chemin du salut en complément de celui de nos confessions, ce chemin de l’Esprit qui a déjà décidé de l’issu du combat d’Arjuna dans la Bhagavad Gita, qu’importe de savoir qui vivra et qui mourra, car nos corps mourrons tous. Cependant, si nous avons maîtrisé notre troisième degré, si nous avons vu le visage de Purusha, la forme universelle de Krishna, si, comme le Seigneur par la mort nous triomphons de la mort, alors nous procéderons tous de la vie, ce processus unique et quasi immortel, ici, ou ailleurs...

Perit ut Vivat

Tombelaine & Tchernigov